Les Ogres De Barback
3-0
Y'a Paris, la capitale, qui renifle son trou de bals, 
Intra-muros c'est brillant, dehors c'est pour les paysans. 
D'ailleurs s'il n'en restait qu'une, ce serait sûr'ment celle-là : 
Qu'une aussi con que la lune et prétentieuse, comme il se doit. 
Mais Paris, ça reste en France, les Français restent des Français, 
Les chevilles en évidence, le nombril insatisfait ! 
À Rennes où il fait bon vivre, j'y ai vu - pardonnez-moi, 
Des masses de foules ivres, des seringues plein les bras, 
Un soir, une chose amusante, sur la route, croyez-moi : 
La police qui plaisante d'un cadavre sur le toit. 
Mais Rennes, ça reste en France, les Français restent des Français, 
Des reins en convalescence, des poumons dans le regret. 
Puis y'a Bordeaux la bourgeoise avec son grand cru classé 
Que l'on déguste dans l'extase, dans les grands lieux new-yorkais 
Qui indique à sa mémoire ce qui est bon, ce qui est mauvais : 
Si pour Papon, c'est un trou noir, le Girondin c'est un succès. 
Mais Bordeaux, ça reste en France, les Français restent des Français 
Des trouillards de gauche en transe ou des cons de droite muets. 
À Toulouse, la ville rose, peut-être sont-ils un peu chauvins ? 
Quand ils jacassent pas du rose, ils te parlent des Toulousains, 
Ils ont un patois bien sûr, qu'ils utilisent parfois, 
Pour écrire sur les murs d'une usine : « Plus jamais ça ». 
Mais Toulouse, ça reste en France, les Français restent des Français, 
Des canards qui l'été dansent sur des rythmes « afro-laid ». 
Puis il y a Marseille, celle qui a son port si charmant, 
Sa Méditerranée belle, sa sardine et ses harengs. 
Comme un tout petit village, un hameau ensoleillé, 
Qui n'a qu'un désavantage : d'être rempli de Marseillais ! 
Mais Marseille, ça reste en France, les Français restent des Français, 
Des grandes gueules à qui l'on pense, quand on veut avoir la paix. 
Entre le Rhône et la Saône, il y a Lyon et ses reflets. 
En banlieue, il y a sa zone, ses odeurs et ses rejets. 
Sa gastronomie connue, qui veut nous faire oublier 
Pour ne pas être déçus, tous ces scandales financiers. 
Mais Lyon, ça reste en France, les Français restent des Français. 
Des bonnes bouffes en concurrence, des non-dits sur le palais. 
Lorsque j'ai connu Strasbourg pour la toute première fois 
Je pensais trouver l'amour dans les rues de celle-là 
Mais il y eut soudain un doute dans cette ville un peu cruche 
Où l'on me parlait de choucroute, d'Europe et de flamenkuche 
Mais Strasbourg, ça reste en France, les Français restent des Français 
L'égalité en « free-lance », l'humanité qui s'essaie. 
Il y a Lille dans le nord comme il y a le nord en Lille 
Des grands hommes gras et forts ou des consanguins débiles 
Les grands projets planétaires qui dépensent sans se soucier 
À deux pas de la misère des petits enfants minés 
Mais Lille, ça reste en France, les Français restent des Français 
Des terrils d'arrogance, l'inégalité au sommet. 
Après cet air géographe, une petite explication 
Je ne cherche pas les baffes, je ne cherche pas la baston 
Mais lorsque je vois au loin qui agitent leurs drapeaux 
La grande race des chauvins, juste à côté des fachos, 
Ben, moi qui suis né en France dans un bled incognito 
Je ne comprends pas la démence, je ne vois pas les idéaux 
De ceux qui pensent la naissance, comme une attache, un ghetto 
Pardonnez-moi cette offense et traduisez en ces mots : 
Issu de la poussière, je m'en retourne à la poussière 
Issu de la planète terre, je m'y promène sans frontière ! 
Issu de la poussière, on s'en retourne à la poussière 
Issu de la planète terre, on s'y promène sans frontière !
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