Georges Brassens

Le Grand Chêne
Il vivait en dehors des chemin forestier,
Ce n'était nullement un arbre de métier,
Il n'avait jamais vu l'ombre d'un bûcheron,
Ce grand chêne fier sur son tronc.
Il eût connu des jours filés d'or et de soie
Sans ses proches voisins, les pires gens qui soient;
Des roseaux mal pensant, pas même des bambous,
S'amusant à le mettre à bout.
Du matin jusqu'au soir ces petit rejetons,
Tout juste canne à pêche, à peine mirlitons,
Lui tournant tout autour chantaient, in extenso,
L'histoire du chêne et du roseau.
Et, bien qu'il fût en bois, les chênes, c'est courant,
La fable ne le laissait pas indifférent.
Il advint que lassé d'être en but aux lazzi,
Il se résolue à l'exil.
A grand-peine il sortit ses grands pieds de son trou
Et partit sans se retourner ni peu ni prou.
Mais, moi qui l'ai connu, je sais qu'il souffrit
De quitter l'ingrate patrie.

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